Les plus beaux châteaux dans le département du Nord

Si vous êtes dans le Nord, vous ne pensez pas forcément à visiter des châteaux. Or, il n’y a pas qu’en Loire et autour de Paris qu’on trouve ce genre d’édifices. On déniche des châteaux dans les Hauts-de-France et pas seulement dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour une sortie agréable, découvrez des châteaux fascinants à visiter dans le département du Nord !

Château d’Esnes

Cet édifice est implanté à Esnes, dans le département du Nord, au centre du village. Le château d’Esnes fait l’objet d’un classement et d’une inscription au titre des monuments historiques depuis octobre 1971. Il fut érigé en 1007 par Alard d’Esnes, l’un des douze pairs du Cambrésis. Depuis sa fondation, la bâtisse est restée dans la même lignée familiale pendant plus de mille ans. Après quatre générations, la descendance se poursuit grâce au mariage d’une héritière d’Alard II avec Eustache de Landas, seigneur d’Eyne. Cette alliance donne naissance à la branche des Landas d’Esnes, qui adopte un blason d’argent bordé de sable. Vers le XIIIe siècle, Alix de Beauvoir, descendante d’une autre branche, donne naissance à une fille, aussi prénommée Alix, qui s’unit à Alard de Croisilles. Ce dernier prend le nom d’Esnes et adapte son blason originel rouge à losanges d’or en une version noire à losanges blancs. Ces armoiries deviennent celles des futurs seigneurs d’Esnes. Jean Ier, l’un des descendants, soutient le roi de France pendant la guerre de Cent Ans et tombe lors de la bataille de Poitiers en 1358. D’autres membres de la famille occupent des fonctions prestigieuses, tels que baillis d’Amiens ou du Cambrésis. En 1411, Robert d’Esnes, surnommé Mansart, participe à la défense du château de Coucy, et tient le siège jusqu’à l’épuisement des vivres.

En 1603, la propriété passe à Jean de Beauffremez, descendant de Jeanne d’Esnes. Sa fille épouse ensuite le marquis d’Assignies, un autre descendant par Marguerite d’Esnes. Le domaine revient plus tard aux d’Estutt d’Assay, qui ne résident pas sur place, et le château devient une ferme fortifiée au XIXe siècle. Pendant la Première Guerre mondiale, l’armée allemande y retient des prisonniers russes. Bien qu’il ait servi à l’agriculture depuis la Révolution, la propriété est restée dans la même famille. Situé près de l’ancienne frontière entre la France et l’Empire, le château montre encore son caractère défensif. L’édifice principal, remanié au XVIIIe siècle, conserve plusieurs éléments d’origine : deux tours cylindriques, un porche fortifié, une haute tour carrée, un pigeonnier ancien et une cellule de détention. L’entrée est flanquée de deux tourelles en poivrière percées de meurtrières, les murs atteignent deux mètres d’épaisseur. Le pont-levis a disparu, remplacé par un fronton du XVIIIe siècle.

La plus ancienne tour, datée des XIIIe et XIVe siècles, comprend trois étages voûtés, pourvus de cheminées aux clés sculptées. L’une montre deux poissons, symbole du prince de Salm, qui séjourna au château au XVIIe siècle. Une tourelle d’escalier mène aux créneaux ; elle porte deux cadrans solaires du XVIIe siècle, visibles de l’intérieur et de l’extérieur. La façade du logis a été modifiée au XVIIe siècle par Adrien de Beauffremez. Des espaces sont ouverts au public, comme l’aile ouest décorée de motifs en relief. Le pigeonnier conserve d’anciens graffitis datés du XIVe siècle. Le cachot est encore visible, ainsi qu’une vaste grange dîmière.

Château d’Esquelbecq

Le château d’Esquelbecq présente une structure imposante en forme de quadrilatère, flanquée de huit tourelles et entourée de douves, accessibles par deux ponts. Un liseré de pierres blanches orne l’édifice à mi-hauteur, accentuant sa silhouette majestueuse.

Au cœur de la Flandre française, ce domaine avec son château, son parc et son jardin constitue un ensemble unique, illustrant l’agencement des châteaux et jardins flamands de la Renaissance. Édifié au XIIIe siècle, le château fut restauré en 1606 tout en préservant son plan médiéval fortifié. Il est aujourd’hui un site de référence pour les amateurs d’histoire et d’architecture.

Situé entre Lille et Dunkerque, le château de briques se reflète dans ses douves et fait partie du patrimoine historique classé depuis 1987. Après l’effondrement d’une tour en 1984, il resta inhabité pendant plus de 35 ans. En 2017, la famille Morael, propriétaire depuis 1946, reçut le Grand trophée de la plus belle restauration. Ouvert à nouveau au public lors des Journées du patrimoine en 2018, il conserve son plan médiéval et son colombier à bulbe du XVIIe siècle. Les visiteurs peuvent profiter d’une visite libre des jardins, du château et de l’îlot bordé de canards et de lyres blanches, tout en admirant la vue magnifique sur l’église située derrière le château.

Château de Robersart

Le château de Robersart, autrefois résidence des seigneurs de Wambrechies, appartient aujourd’hui à la municipalité, qui a mené une importante restauration pour en faire un centre culturel. L’histoire débute au XIIIe siècle, lorsque Jeanne de Flandres aménage la Deûle, faisant de Wambrechies un carrefour commercial stratégique. Ce lieu de passage, devenu un péage, favorise le développement du bourg, et les seigneurs locaux font bâtir un premier château, le château de Leringhien, qui s’effondre au XVe siècle en raison de fondations fragiles. Un deuxième château est alors érigé sur des pieux de chêne, mais, à son tour, il s’effondre 250 ans plus tard à cause de la dégradation des pieux liée à la baisse du niveau de la rivière.

Le château actuel, achevé en 1760 par Louis-Joseph de Broide, présente un style Renaissance et utilise des matériaux locaux tels que la brique rouge et la pierre blanche de Lezennes. En 1810, il est acquis par le vicomte Martel Obert de Quévy, dernier seigneur de Wambrechies. Après le décès de sa nièce, Juliette de Robersart, en 1900, le château traverse des périodes d’abandon, servant tour à tour de brasserie, de blanchisserie et d’école catholique avant de se dégrader. L’entretien des bâtiments étant négligé, le château et ses dépendances sont laissés à l’abandon jusqu’à ce que la ville en devienne propriétaire.

En 1962, la ville rachète le château et en 2015, le parc de 9 hectares est réaménagé pour offrir aux visiteurs un lieu de loisirs et de détente. Le parc, véritable havre de verdure, propose des sentiers, une aire de jeux, des fontaines, des étangs et un arboretum évolutif permettant de découvrir les saisons au fil des mois. Un jardin rond, divisé en quatre sections représentant les saisons, couronne la balade, offrant un cadre paisible pour les familles et les promeneurs. Ce lieu combine harmonieusement nature, détente et découverte, idéal pour une sortie en ville.

Château de Bernicourt

Construit en 1743, il a remplacé un manoir datant de 1374 et a servi de demeure seigneuriale jusqu’au début du XXe siècle. Après avoir appartenu aux Houillères de 1930 à 1985, il est désormais la propriété de la ville de Roost-Warendin. Restauré au fil des années, il a ouvert ses portes au public en 1989 et accueille aujourd’hui un écomusée. Le château est entouré d’un parc avec un plan d’eau, des bosquets et de vastes pelouses, et dispose d’un restaurant, « Le Pavillon », où l’on peut se restaurer.

L’écomusée du château offre aux visiteurs une immersion dans la vie quotidienne du début du XXe siècle. En parcourant les différentes pièces du premier étage, on peut découvrir des scènes reconstituées comme une salle de classe, un estaminet ou des métiers artisanaux tels que charron, cordonnier et forgeron. Chaque étape de la visite permet de revivre des moments du passé et de mieux comprendre les pratiques et les métiers de l’époque. En descendant dans la cave, les visiteurs peuvent explorer des reconstitutions supplémentaires avant de sortir de cette plongée dans le temps.

Le château de Bernicourt dispose d’un espace muséographique enrichi par les œuvres de Gisèle et Jean-Pierre Ruckehusch, et accueille régulièrement des expositions temporaires. Après avoir visité le château, les visiteurs peuvent se détendre dans le parc verdoyant, à l’ombre des arbres, autour de l’étang et des pâturages. Le site est accessible depuis Roost-Warendin par l’allée de Bernicourt ou la rue Danton, offrant un agréable cadre pour une promenade ou une sortie en famille.

Château de Potelle

Le château de Potelle, construit à la fin du XIVe siècle, a gardé son allure médiévale grâce à l’épaisseur de ses murs en grès soigneusement taillé. Entouré de douves alimentées par des sources et traversé par la Rhônelle, il présente une enceinte de forme irrégulière, avec des murs polygonaux ponctués de tours cylindriques. Ces hautes murailles comportent encore des meurtrières obturées et des fenêtres à meneaux. L’entrée, autrefois défendue par un pont-levis, une herse et un assommoir, se situe entre deux tours rondes, munies d’archères élargies par la suite pour les armes à feu. À l’arrière de la cour se trouvent des bâtiments, dont une tour ronde utilisée comme prison avec une geôle souterraine accessible via une petite trappe, et des latrines donnant directement sur les douves. Une tour en encorbellement prolongeait l’ancien logis principal, remplacée en 1793, et était coiffée d’un poste d’observation élevé.

Les origines du site remontent sans doute à 1203, date à laquelle un castrum est mentionné. Deux tours semi-circulaires encadrent l’entrée, chacune dotée d’un rez-de-chaussée voûté avec trois ouvertures de tir. Le système défensif de l’entrée, toujours visible, montre une rainure pour pont-levis, un passage pour herse et un assommoir. Bien que l’entrée ait été remaniée en partie, le château conserve son allure de fortification médiévale. Les bâtiments autour de la cour ont été modifiés au fil du temps, suite à plusieurs destructions, notamment l’incendie de 1477 pendant la guerre de succession de Bourgogne, puis un autre en 1654 lors du conflit franco-néerlandais. En 1793, un nouvel incendie endommagea l’édifice, mais des travaux de restauration permirent de préserver son aspect d’origine.

Durant son histoire, le château de Potelle fut souvent endommagé, notamment pendant des conflits, mais toujours restauré. Il appartenait aux seigneurs de Mortagne avant d’être acquis en 1490 par Jean de Carondelet, qui fit transférer en 1519 la chapelle à l’intérieur des murs. Dédiée à Saint-Nicolas, elle abrite des statues polychromes en bois du XVIe siècle et une poutre de gloire sculptée, datant de 1804, installée après l’incendie de 1793. Ce château a été témoin d’épisodes majeurs, comme le siège de 1477, la bataille de Denain en 1712 et la Grande Guerre, conservant malgré tout son caractère d’origine et une réelle valeur historique.

Château de Trélon

Cet édifice, situé dans la commune portant le même nom, se dresse au centre du département du Nord. Il appartient à l’éminente famille des Merode. Cet édifice remarquable, inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1986, n’est accessible qu’en visite guidée, entre avril et octobre, selon un calendrier destiné aux visiteurs individuels ou sur rendez-vous pour les groupes. Construit sur les ruines d’un ancien château fort du XVe siècle, le bâtiment a été sans cesse remanié par ses propriétaires successifs, lui conférant aujourd’hui une silhouette élégante inspirée du style Louis XIII, enrichie d’éléments architecturaux délicats. Il conserve un mobilier ancien précieux, de somptueuses tapisseries, de fines porcelaines de Sèvres et des objets d’art rares, témoins d’un héritage séculaire.

La famille Merode constitue une lignée prestigieuse, liée depuis plusieurs siècles aux plus grandes monarchies d’Europe. Depuis le XVe siècle, ses membres ont porté de nombreux titres nobles, tels que prince, baron ou comte du Saint-Empire. Propriétaires du château depuis au moins 1580, ils ont établi des alliances avec de puissantes familles royales, notamment celles d’Italie, d’Espagne, d’Arenberg ou de Monaco. Au XIXe siècle, Félix de Merode s’illustra dans le combat pour l’indépendance belge, contribuant à la rédaction de la Constitution et refusant même le trône du nouveau royaume. Son fils Xavier, ancien officier, devint archevêque, camérier du pape Pie IX et ministre des armées des États pontificaux. Il mourut à Rome, dans les bras du souverain pontife. Le château conserve d’importants souvenirs liés à cette personnalité proche du Vatican.

Son frère Werner de Merode transforma profondément la bâtisse : il modifia la toiture, fit construire un perron, et ajouta une tour destinée à accueillir la chapelle. Proche de Fourmies et de la station du ValJoly, le château de Trélon est implanté dans le Parc naturel régional de l’Avesnois. La visite guidée, d’une durée d’environ une heure, propose un parcours à travers l’histoire européenne, de François Ier à Pie IX, entre Rome, Bruxelles, Trélon et les fastes d’antan.

Château d’Hardelot

Le château d’Hardelot, situé dans la commune de Condette, dans le Pas-de-Calais, est un manoir néo-Tudor construit au milieu du XIXᵉ siècle sur les vestiges d’une forteresse médiévale datant de 1222. Cette bâtisse est un véritable point d’intérêt sur la Côte d’Opale, dont l’architecture rappelle celle des résidences anglaises typiques. Il incarne parfaitement le lien historique et culturel entre la France et l’Angleterre. Aujourd’hui, le château abrite le Centre Culturel de l’Entente Cordiale, un lieu unique qui présente plus de 500 œuvres issues de musées français prestigieux et du Mobilier national. Ces collections retracent à travers les siècles les relations entre les deux nations, en mettant en lumière des éléments du quotidien et des symboles forts de l’histoire franco-britannique. Les objets exposés, allant du carrelage inspiré du Parlement britannique à des objets liés à des figures marquantes comme Charles Dickens, permettent de mieux comprendre l’évolution de cette relation complexe.

L’histoire moderne du château débute dans les années 1870, lorsque Henry Guy, un citoyen britannique ancien officier de l’armée royale, rachète les ruines du vieux château fort pour y ériger une maison de campagne dans le style néo-Tudor. Avec son épouse et ses six enfants, il y mène une existence agréable pendant près de vingt ans. À sa mort en 1898, le domaine est acquis par John Whitley, également britannique, qui a contribué à la fondation de la station balnéaire d’Hardelot. Whitley transforme la propriété et crée un parcours de golf dont le départ se situe au pied d’une des tours du château. Cela attire l’aristocratie anglaise, qui fréquente le domaine pour des fêtes et des événements sociaux. Même après les épreuves des guerres mondiales, le château survit et, après une vaste campagne de restauration, il est rouvert en 2009 sous le nom de Centre Culturel de l’Entente Cordiale, afin de partager l’histoire des liens entre les deux pays à travers les âges.

Au-delà de ses collections, le château d’Hardelot offre une immersion dans l’histoire et la nature environnante. Ses jardins paysagers, soigneusement aménagés, sont un témoignage des relations entre la France et l’Angleterre, reflétant les hauts et les bas de leur partenariat. En face de la bâtisse, un théâtre élisabéthain a été reconstruit dans l’esprit des théâtres anglais du XVIᵉ siècle. Ce projet, salué par la reine d’Angleterre elle-même, allie tradition et modernité. Le site accueille tout au long de l’année des événements culturels tels que le printemps médiéval, le Midsummer Festival, ou encore la Fairy Night, et offre aux visiteurs un cadre magnifique. Le domaine est entouré de 44 hectares de marais, le lac des Miroirs, qui ajoute une dimension poétique et naturelle à cet ensemble culturel et historique exceptionnel.